[LIBRE] Il faisait beau ce jour là ... Au départ du moins.

Il faisait beau et chaud, trop chaud. C’est sans doute la première chose que Kyoshiro pensa en sortant de son appartement ce matin là. Il ne devait pas être plus de 10 heures mais quelle chaleur ! Presque étouffante. Il avait plusieurs choix pour y pallier : Aller à la plage ou à la piscine, rester enfermé dans sa chambre avec le climatiseur bloqué sur 17 degré ou encore aller se terrer dans l’espèce de forêt qu’il voulait visiter depuis des semaines.

Durant quelques secondes il resta figé devant sa fenêtre grande ouverte, réfléchissant à sa journée. Puis dans un soupir suivit d’un long étirement, le jeune homme se décida. Il attrapa les volets et les referma dans un bruit de bois s’entrechoquant. Les verrouillant il se détourna et s’enferma dans la salle de bain avant d’en ressortir quelques minutes plus tard. Vue sa tenue, soit un pantalon militaire et un débardeur noir moulant le tout accompagné de baskets, il ne pouvait avoir choisit que la dernière possibilité : la visite de l’extérieur de la ville.

Après avoir verrouillé les derniers volets il attrape son portable, ses clés et une casquette et quitta son appartement devenue une fournaise. Fermant la porte à clé, il souffla rapidement sous la chaleur extérieure et l’air devenu presque irrespirable tellement lourd et chargé d’humidité. Autant dire que la pluie n’allait pas tarder, pourtant aucun nuages gris ne pointaient le bout de leur nez. Haussant les épaules, il se mit en tête de dévaler ses escaliers à toute vitesse. Une fois arrivé au bas de son immeuble il prit aussitôt la direction de l’extérieur, à pieds. Hors de question de laisser sa moto sans surveillance près de l’extérieur de la ville, il ne voulait pas risquer de se la faire voler. Et puis, un peu de marche ne pouvait que lui faire le plus grand bien.

Les minutes s’envolèrent les unes après les autres. L’air toujours aussi irrespirable se faisait plus frais alors que le Delta s’approchait enfin d’une sorte de forêt. Observant silencieusement les alentours, il savoura la fraicheur et les bruits que produisaient les petites bêtes peuplant les bois. Levant les yeux vers un couple de piaf il eut un léger et discret sourire. Ce dernier s’élargit rapidement alors que le Delta pensa nourriture. Malheureusement pour l’homme aux cheveux rouge, le couple d’oiseau aux couleurs vives s’envola rapidement sans doute effrayé. Tant pis, pas de piaf au vin ou de piaf au miel avec des rondelles de citron. Le Delta lâcha un soupire et continua sa route lentement, les mains plongées dans ses poches, les yeux rivés vers la beauté des lieux.

D’autres minutes passèrent sans qu’il ne s’en aperçoive, s’enfonçant lentement mais surement dans cette forêt. Pourtant, l’idée qu’il puisse se perdre, malgré son sens de l’orientation misérablement inefficace, ne lui effleura même pas un instant l’esprit. Au pire, il avait toujours des couteaux sur lui. Il pourrait alors devenir une sorte de Robinson Crusoé sauf qu’au lieu d’avoir une île paradisiaque et du lait de coco à volonté, il n’aurait à porté de main que des piafs capables de lire dans les pensées quand l’estomac gronde. Pourquoi pas. Il se voyait bien construire une cabane en haut d’un arbre comme enfant il aurait aimé le faire. Tiens, en parlant de cabane il venait d’en découvrir une d’un tout autre genre.

Plantée au milieu de cette forêt, isolée, détruite par les années et la végétation, se trouvait une usine. De larges vitres usées et devenues marrons surplombaient une structure essentiellement métallique. Au pied de l’édifice restait quelques briques rouges, maintenues pour la plus part par des lianes et des plantes grimpantes. Un arbre avait même poussé au centre même du bâtiment, de larges branches s’échappant du reste de la toiture alors que l’on pouvait apercevoir des fruits d’un orange/rouge soutenu. Kyo resta un instant à observer cette usine sans doute abandonnée depuis plusieurs années vu la taille de l’arbre. C’était tout simplement la première fois qu’il découvrait un lieu pareil. Tranquillement il sortit son portable de l’une des nombreuses poches de ce pantalon et le mit en mode « photo ».

Plusieurs clichés furent pris ce jour là. Le Delta étant un amateur de beau paysage, il ne pouvait pas passer devant cette merveille étrange. Vestige d’un temps lointain. Rangeant l’appareil une fois satisfait des prises de vue il s’avança tranquillement vers le bâtiment afin d’y pénétrer, curieux. Tournant autour une première fois afin de repérer un passage il se retrouva tout naturellement devant les portes grandes ouvertes. Un nouveau sourire effleura ses lèvres alors qu’il pénétrait en silence dans le bâtiment. Ses bruits de pas résonnaient dans l’espace, réveillant et alertant les petits animaux qui prirent rapidement leurs pattes à leur cou. D’autres idées de plats lui envahir l’esprit mais les bestioles trop rapides ne laissèrent derrière elles que de la verdure, immangeable. Tant pis, il mangera une fois rentré chez lui.

Faisant un tour sur lui-même, il s’approcha finalement de machines couvertes de lierres et d’autres plantes en fleur. Observant une machine il eu en tête un bref instant une idée similaire pour chez lui. Mais n’étant pas très bon jardinier, il abandonna immédiatement l’idée au risque d’avoir des plantes mortes en pot. Il remerciait souvent les créatures des plantes en plastique, et surtout ceux des fougères en plastique. C’était bien la seule qui avait survécu chez lui. Sortant de ses pensées il posa une main sur l’une des feuilles et la caressa légèrement du bout des doigts avant de se tourner rapidement, une autre source de bruit approchant. Vu le bruit, justement, ce n’était pas un « petit » animal, restait la possibilité d’une grosse bête ou d’un humain. Dans le doute il lâcha la feuille et se planqua derrière la machine qu’il observant. Il n’était pas froussard mais plutôt prudent. Se baissant légèrement il sortit tranquillement un poignard attaché à son mollet, prêt à intervenir en cas de danger.

Installé au même endroit, caché par cette machine couverte de fougère, le Delta écouta en silence les pas de celui qui venait de pénétrer à l’intérieur de l’usine. Sans un mot, il se décala lentement vers la droite, évitant autant que possible de faire craquer les feuilles marron et mortes laissées ou plutôt abandonnées au sol. Prenant un certain temps à s’installer afin d’avoir un point d’observation tout en restant camouflé il tourna son regard vers le jeune homme.

~Qui est-ce que c’est lui … ? On ne peut pas être tranquille pépère un peu ?~

Fronçant légèrement les sourcils, et jugeant l’homme de haut en bas il finit par ranger son arme blanche à son mollet mais ne se redressa pas, refusant de faire ami-ami principalement pour flemmardise. Il tourna lentement la tête vers la direction opposée au blond et cherche une issue calmement.
N’en repérant aucunes, il lâcha un léger soupire. Réfléchissant calmement il finit par se redresser et le fixer en silence. Glissant ses mains dans ses poches il s’avança tranquillement vers lui, ne le quittant pas du regard près à sortir son arme au moindre faux pas de l’autre.

- Salut.

Pas un mot de plus. Comme expliqué plus haut, il avait tout simplement la flemme de faire ami-ami. Il aurait pu aussi tout simplement profiter du jeune homme et se le faire. Mais même là, pas envie. Oula ! Il fallait sérieusement que Kyo rentre maintenant. Mais, mais, parce qu’il n’y avait pas qu’un seul « mais » mais plusieurs, décidément ! L’image de son appartement devenu un glacier ne l’enchanta pas. Même supporter quelqu’un par cette chaleur lui sembla beaucoup plus intéressant. Peut être avait-il de la fièvre ?
Par pur réflexe il releva une main sur son front, cela devant le jeune homme, fit une légère moue puis souffla. Rien. Il était « normal ». Enfin, autant qu’il pouvait être « normal ». Bon ok, il n’avait rien de « normal », mais c’était normal quand on était un Delta, non ? Oui bon, Kyo n’avait pas de fièvre, rien. Relevant les yeux sur Hélios, il les plissa légèrement.

- Tu t’appelles comment … ?